Members' Research Service By / July 2, 2015

Burundi : la vie politique à l’heure des élections de 2015

Par Eric Pichon Bien que le multipartisme soit inscrit dans la Constitution, la vie politique du Burundi est marquée par…

Burundi - picture by Troens Bevis (Creative Commons CC BY-ND-2.0)
Par Eric Pichon
Burundi - picture by Troens Bevis (Creative Commons CC BY-ND-2.0)
Burundi – picture by Troens Bevis (Creative Commons CC BY-ND-2.0)

Bien que le multipartisme soit inscrit dans la Constitution, la vie politique du Burundi est marquée par la domination du parti de l’actuel Président de la République. L’annonce de la candidature de ce dernier à l’élection présidentielle de 2015 a été contestée et a déclenché de violents affrontements.

Les élections communales et législatives se sont déroulées le 29 juin bien que les négociations entre gouvernement et opposition sous l’égide de l’ONU aient tourné court : les partis d’opposition nient en particulier l’indépendance de la Commission électorale nationale. Les élections présidentielle et sénatoriales sont prévues pour juillet 2015.

Les violences et l’exode de centaines de milliers de Burundais pourraient entrainer une déstabilisation de toute la région. Déjà d’importantes personnalités ont quitté le pays et certains observateurs n’excluent pas de voir le pays replonger dans une guerre civile.

Documents du Service de recherche du Parlement européen (EPRS)

Ionel Zamfir. Burundi: Human Rights Situation. EPRS, At a Glance, juillet 2015, 2 p.

Eric Pichon. Burundi : partis politiques. EPRS, En Bref, juillet 2015, 2p.

Vue d’ensemble

Population du Burundi

Le Burundi compte 10,5 millions d’habitants. La division “ethnique” relève aussi de l’organisation sociale et régionale du pays, issue de l’ancien système féodal, puis colonial : la minorité tutsie (14% de la population à l’époque coloniale) occupant traditionnellement les positions de pouvoir, alors que les Hutus (85% de la poulation) en grande majorité des paysans, ont été relégués à des positions subalternes. Une population pygmée, les Twas, ou Batwas, est également présente au Burundi (1% de la population).

Ethnicité. Droit, pouvoir et paix au Burundi, Institute of Development Policy and Management (IOB – Université d’Anvers).

Une sélection de documents et d’analyses sur la question ethnique.

World Directory of Minorities and Indigenous People. Minority Rights Group International:

Batwa du Burundi, dans l’ombre des ethnies majoritaires. Slate Afrique, 16/12/2013.

“Malgré les lois burundaises en matière de diversité ethnique, ce peuple minoritaire subit toujours l’indifférence du reste des populations du pays.”

Le Burundi de ‘indépendance aux années Nkurunziza

Brève histoire du Burundi, in: Émilie Matignon. Justices en mutation au Burundi: Les défis du pluralisme juridique. Afrique contemporaine, Vol. 250, no. 2, p. 55, 2014.

Après l’indépendance (1962) et le renversement de la monarchie, un long cycle de massacres et de répressions sanglantes, en particulier en 1972 et 1988,  a marqué les trois décennies de domination tutsie. En 1993, les premières élections pluralistes amènent au pouvoir le premier chef d’État hutu ; son assassinat, quelques mois après, déclenche une guerre civile. Des négociations aboutissent à un accord de paix signé à Arusha (Tanzanie) le 28 août 2000. Cependant les principales forces rebelles hutues ne signeront un cessez-le-feu que plusieurs années après (2003 pour le CNDD-FDD de Pierre Nkurunziza et 2006 pour la branche armée du PALIPEHUTU-FNL).

Henri Boshoff , Waldemar Vrey and George Rautenbach. The Burundi Peace Process: from civil war to conditional peace. ISS Africa, Monograph 171, 06/2010, 150 p.

Retrace les principales étapes du conflit et des négociations.

Texte de l’accord d’Arusha, 28 août 2000

Willy Nindorera. Le CNDD-FDD au Burundi : le cheminement de la lutte armée au combat politique. Berghof Foundation, 2012, 38 p.

Le rapport montre comment le CNDD-FDD, principale force rebelle hutue, a su se transformer en parti multi-ethnique. En 2005, après une large victoire du CNDD-FDD aux élections locales et nationales, Pierre Nkurunziza est élu Président de la République par l’Assemblée nationale et le Sénat. En 2010, il remporte la première élection présidentielle au suffrage universel, pour laquelle il est le seul candidat, ses concurrents s’étant retirés.

Analyses

Sur la place de l’opposition

Burundi: du boycott électoral à l’impasse politique. ICG, Africa Report 169, 7/02/2011, 37 p.

Burundi: Bye-Bye Arusha ? ICG International Crisis Group, Africa Report 192, 25/10/2012, 37 p.

Ces deux rapports de l’International Crisis Group montrent comment le boycott électoral de l’opposition en 2010 a accru la domination du parti présidentiel suer la vie politique. Dès 2012, l’ICG prévenait des risques de violence électorale en 2015 et émettait des recommandations pour la prévenir.

“You Will Not Have Peace While You Are Living”: The Escalation of Political Violence in Burundi. HRW Human Rights Watch, 2/05/2012, 81 p.

Ce rapport décrit la rivalité entre le CNDD-FDD et le FNL née au temps où ces deux mouvements d’origine hutue combattaient le pouvoir tutsi, et qui s’est prolongée après la signatures des accords de paix. Le rapport dresse un état des lieux des assassinats et autres violences politiques de la part des deux camps (et des autres partis).

Sur la violence à la veille des élections de 2015

Tomas Van Acker. Understanding Burundi’s predicament. Egmont Royal Institute for International Relations (Belgium), Africa Policy Brief 11, 06/2015, 10 p.

Pour l’auteur, les évènements de 2015 (la candidature de Pierre Nkurunziza à sa succession, le coup d’état du 13 mai, et les violences dans la rue) n’étaient pas imprévisibles : ils sont la conséquence de la détérioration de la démocratie depuis 2010.

Justine Hirschy et Camille Lafont. Esprit d’Arusha, es-tu là ? La démocratie burundaise au risque des élections de 2015 . Politique Africaine, 21/05/2015.

Cet article décrit la “brutalisation de la vie politique” durant la dernière décennie. L’article souligne également le rôle de la société civile et de la presse comme moteurs de la résistance aux dérives autoritaires.

Agathe Plauchut. Burundi : les conséquences d’un coup d’État manqué. GRIP Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité, Eclairage, 21/05/2015, 5 p.

Le coup d’état tenté le 13 mai par l’ancien chef des services de renseignement a échoué en raison du manque de soutien de l’opposition politique et des manifestants de la société civile. Il a cependant servi d’alibi a de nouvelles mesures répressives.

Who are the Imbonerakure and is Burundi unravelling? IRINnews, 28/04/2015.

Officiellement, les partis politiques ne doivent pas disposer de branches militaires,  cependant l’Imbonerakure, le mouvement des jeunes du CNDD-FDD, est souvent accusé de violences armées.

Documents de référence

La section “Droit, pouvoir et paix au Burundi” du site de lInstitute of Development Policy and Management (IOB) de l’université d’Anvers fournit de nombreux documents de première main sur la vie politique au Burundi, en particulier :

Le site met régulièrement à jour ses pages sur les élections de 2015 :

  • Législation et institutions électorales ;
  • Programmes électoraux et listes des candidats ;
  • Résultats électoraux ;
  • Rapports d’observation et analyses

Appel de la société civile contre un troisième mandat de Pierre Nkurunziza : Lettre au Président de la République, 4 février 2015

Positions de l’Union européenne

Relations de l’Union européenne avec le Burundi. Service européen d’action extérieure

Résolutions et initiative du Parlement européen sur la situation au Burundi (8e législature, 2014-2019)

On trouvera sur le site du Service d’action extérieure de l’UE (SEAE / EEAS), les principales positions de l’UE, en particulier :

Déclaration sur la situation au Burundi, 29/06/2015

“La décision du Gouvernement du Burundi d’ignorer la dernière proposition de la facilitation internationale menée par l’Union africaine, la Communauté d’Afrique de l’Est, la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs et les Nations Unies de reporter les élections constitue un fait grave. L’organisation des élections législatives ce 29 juin, sans mettre en place les conditions minimales pour assurer leur crédibilité, transparence et inclusivité, ne pourra qu’exacerber la crise profonde que traverse le Burundi.”

Conclusions du Conseil sur le Burundi, 22/06/2015

“l’UE salue la mobilisation de la région pour trouver une issue [à l’impasse politique au Burundi]. Les décisions sur la situation au Burundi adoptées par le Sommet de l’Union Africaine (UA) le 13 juin, ainsi que les conclusions du Sommet de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) du 31 mai dernier, fixent un cadre incontournable pour permettre au Burundi de sortir de la crise. […] L’UE partage la conviction exprimée par l’UA, la CAE et les Nations Unies (NU) que seuls le dialogue et le consensus, dans le respect de l’Accord d’Arusha et de la Constitution du Burundi, permettront de trouver une solution politique durable dans l’intérêt de la sécurité et la démocratie pour tous les Burundais.”

Déclaration de Mme Federica Mogherini, Haute Représentante de l’Union et vice-présidente de la Commission, sur la suspension de la mission d’observation électorale au Burundi, 28/05/2015


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